Georges Méliès par ses archives, portrait d'un homme-orchestre

Tania Capron - 30 août 2022

La Cinémathèque française conserve un fonds exceptionnel d'archives qui donnent la mesure de l'activité bouillonnante de Georges Méliès, artiste multiforme rompu à tous les arts, de la peinture à la mise en scène en passant par la musique et la prestidigitation. Témoin de ses activités professionnelles, tout comme de la naissance du cinéma, ce fonds est aussi un révélateur de la créativité hors-norme de cet inventeur prodigue, bricoleur, homme d'affaires et, avant tout, homme de spectacle toujours en quête de plaisir et d'émerveillement, pour le public comme pour lui-même.

« Dans le sous-sol du Grand Café, devant les premières bandes, une sortie d'usine, l'arrivée d'un train en gare, l'arroseur arrosé, Georges Méliès comprend. M. Lumière a inventé le cinéma exprès pour lui. » (Paul Gilson)

Un trésor unique

« Art dramatique, dessin, peinture, sculpture, architecture, mécanique, travaux manuels de toutes sortes, tout est employé à doses égales dans cette extraordinaire profession. » (Georges Méliès)

Plonger dans les archives de Georges Méliès, c'est plonger dans l'histoire du cinéma lui-même. S'il est un créateur insatiable, il est aussi un observateur passionné et clairvoyant, qui conserve tout, des premières caricatures qu'il fait de ses professeurs aux échanges de lettres avec les journalistes qui s'attachèrent à le tirer de l'oubli à la fin de sa vie.

Quand il s'éteint en 1938, à 77 ans, Méliès a quitté depuis quinze ans ses deux studios de Montreuil-sous-Bois et vit retiré au château d'Orly, maison de retraite de la Mutuelle du cinéma, avec sa seconde épouse Jehanne d'Alcy et sa petite-fille orpheline, Madeleine Malthête-Méliès.

Deux ans plus tôt, René Clair a présenté le maître à Henri Langlois et Georges Franju, qui viennent de créer la Cinémathèque française. Les deux jeunes passionnés de cinéma ne peuvent qu'être fascinés par l'œuvre et l'homme, et Langlois entreprend aussitôt de traquer tous azimuts les vestiges de ses activités. C'est en grande partie sous son impulsion, au gré de résurgences, dons et achats divers, et grâce au travail patient de Madeleine, devenue en 1943 secrétaire d'Henri Langlois, puis du fils de celle-ci, Jacques Malthête, travail conclu par l'acquisition, en 2004, de la collection de Madeleine Malthête-Méliès par le ministère de la Culture via le CNC, et son dépôt à la Cinémathèque française, que s'est constitué ce trésor unique : 250 films retrouvés, soit la moitié du demi-millier réalisé par Méliès, et un fonds d'archives « papier » que l'on peut articuler en deux grandes catégories : les images et les documents écrits.

Paysan lisant une affiche. Dessin humoristique de Georges Méliès (17,4 x 22 cm, mine de graphite, 1882)

Paysan lisant une affiche. Dessin humoristique de Georges Méliès (17,4 x 22 cm, mine de graphite, 1882)

Première grande collection par l'ancienneté : 459 dessins de la main de Méliès, au crayon, crayons de couleur, encre, lavis, plus rarement gouache ou aquarelle, issus de carnets de croquis ou réalisés sur papier à dessin de format A3 maximum. Parmi ceux-ci, près de 200 sont de précieuses attestations de la création et réalisation de ses films : décors ou projets de décors, maquettes de costumes, esquisses de machineries... Quelque 300 autres ne sont pas rattachés à des films, mais à sa vie privée : dessins humoristiques, caricatures, croquis de paysages effectués en vacances, détails architecturaux... Précieuse et fragile, cette collection a été numérisée en totalité ; tous les documents sont aujourd'hui visibles sur les écrans de la Bibliothèque du film.

Le Voyage à travers l'impossible (Georges Méliès, 1904) Photo de plateau avant restauration numérique

Le Voyage à travers l'impossible (Georges Méliès, 1904) - Photo de plateau avant restauration numérique.

Les photos constituent un autre ensemble remarquable, très homogène celui-ci puisqu'il s'agit presque exclusivement de photographies de scènes des films, destinées à la promotion. Elles concernent près de 120 films, dont 7 « vues » publicitaires. Très sensibles, pas toujours correctement protégées, elles ont payé un lourd tribut au temps, aussi un important chantier de numérisation a-t-il été entrepris en 2007 à la faveur du projet de l'exposition Georges Méliès, magicien du cinéma, à la Cinémathèque (2008). Toutes ou presque étant altérées, jaunies, pâlies, écornées, voire lacunaires, il a été décidé de procéder à une restauration numérique, sous l'expertise du chef du service Photographie et traitement de l'image et du directeur scientifique de la Cinémathèque, afin d'offrir au public des images lisibles et à la hauteur de leur valeur documentaire et artistique. Comme les dessins et maquettes, ce sont 523 photos, bien trop vulnérables pour être exposées à la lumière, même temporairement pour des consultations, qui sont aujourd'hui consultables sous forme numérique à la Bibliothèque du film. C'est à partir de ces restaurations qu'ont été effectués les tirages d'exposition visibles dans le musée Méliès.

Dernière collection, la plus éclectique, des documents papier originaux, pour la plupart consultables à l'Espace chercheurs de la Bibliothèque. Organisées en 74 dossiers couvrant plus de 70 ans, ces archives sont constituées de carnets, revues de prestidigitation, documents scénaristiques, notes de travail, brochures publicitaires, catalogues de la Star Film – marque que Méliès déposera en 1902, après avoir déposé la fameuse étoile noire en novembre 1896 –, livrets d'opérettes, courriers... Elles sont l'occasion d'un voyage dans l'histoire des débuts du cinéma comme dans le destin personnel de Méliès.

Affiche exposition au Festival mondial du film et des Beaux-Arts de Belgique (1947). Félix Labisse © ADAGP

Affiche de l'exposition au Festival mondial du film et des Beaux-Arts de Belgique (1947).
Félix Labisse © ADAGP

Le document le plus ancien est son... devoir de philosophie au baccalauréat, en 1880 donc, et le plus récent, le numéro 121 de L'Escamoteur, « revue magique », en 1966.

Avant le cinéma

« Au contraire de Louis Lumière, Georges Méliès ne tourna pas l'objectif vers le monde extérieur et l'obligea à capter les images de son propre univers. [...] Dans ses films les bustes éclatent, les œufs donnent naissance à des papillons d'or, les forêts s'écartent, les squelettes dansent et la Lune crache au visage de l'astronome les membres de ceux qu'elle a dévorés. » (Henri Langlois)

Dessinateur compulsif depuis l'enfance, Méliès voulait faire les Beaux-Arts pour devenir artiste peintre. Alors qu'il est encore élève, ses caricatures lui valent moult punitions, mais très vite elles lui rapportent quelques subsides et une certaine notoriété, quand sous le pseudonyme de Geo Smile (anagramme approximative de son nom), il devient en 1889, pour deux ans, l'illustrateur attitré du journal antiboulangiste La Griffe.

Le Roi Carotte (Ernest 1er préparant le terrain électoral), couverture illustrée par G. Méliès. La Griffe n°21 (26 décembre 1889)

Le Roi Carotte (Ernest 1er préparant le terrain électoral), couverture illustrée par G. Méliès.
La Griffe, n°21 (26 décembre 1889)

Ce talent se déploiera tout au long de sa carrière : c'est par des dessins qu'il imagine ses personnages et leurs aventures fantasques et met au point décors, trucs, costumes...

Jusqu'à la fin de sa vie il ne cessera de dessiner, attendant avec impatience la trêve du mois d'août pour s'enfuir en Bretagne où il se repaît de paysages pittoresques.

Passionné de prestidigitation, qu'il a découverte au théâtre de L'Egyptian Hall à Londres, Méliès s'y révèle très doué. En 1888, il rachète, avec ses parts de la Manufacture de chaussures de luxe familiale, le fonds du théâtre Robert-Houdin, comprenant les décors, costumes, accessoires et les fameux automates du célèbre prestidigitateur. Il reprend également le bail du théâtre du boulevard des Italiens et y monte des spectacles mêlant théâtre, illusions et projections de plaques lumineuses. Il crée de plus l'Académie de prestidigitation, qui deviendra la Chambre syndicale de prestidigitation, qu'il présidera pendant une trentaine d'années, donnant un statut véritable aux artistes magiciens. La Cinémathèque conserve le manuscrit d'un long article, pour la revue Passez Muscade, sur l'histoire du théâtre Robert-Houdin, précieux témoignage sur le monde des illusionnistes en France à cette époque.

Manuscrit de Méliès pour son article sur l’histoire du théâtre Robert-Houdin.

Manuscrit de Méliès pour son article sur l'histoire du théâtre Robert-Houdin.

Tout pour le cinéma

« Comme tout magicien, Méliès était fier du pouvoir qu'il avait de se jouer en apparence des limites physiques du monde naturel. Il imagina donc bien vite les possibilités qu'offrait ce nouveau medium pour décupler ses pouvoirs » (Norman McLaren)

En 1895 – il a alors 34 ans –, il assiste à la première représentation à Paris du Cinématographe des frères Lumière, dans le sous-sol du Grand Café, près de l'Opéra. L'anecdote est légendaire : il se presse chez les Lumière pour leur acheter leur brevet et, devant leur refus, se procure en Angleterre un projecteur qu'il transforme en caméra. Six mois plus tard ses premières « vues cinématographiques ». Mesurant immédiatement le potentiel magique qui s'ouvre à lui, il y transpose son éventail de trucs. Comme sur scène, il est aux commandes de l'entièreté de la réalisation artistique ou technique, « aussi passionné par la standardisation des perforations de chaque côté de la pellicule que par les voyages dans la Lune », écrit Normal McLaren. Auteur, scénariste, dialoguiste, metteur en scène, costumier, maquettiste, acteur, inventeur de trucages, réalisateur, monteur, il est aussi commercial et distributeur...

Les Quat'cents farces du Diable (Georges Méliès, 1906). Photographie de tournage (restauration numérique)

Les Quat'cents farces du Diable (Georges Méliès, 1906) - Photographie de tournage (restauration numérique)

L'imagination inépuisable de Méliès lui souffle plus de 500 films, sketches, saynètes de quelques minutes pleines de fantaisies, contes de fées, rêveries, cauchemars, grandes épopées fantastiques de plus d'un quart d'heure, vues publicitaires de commande et même quelques films édifiants plus ou moins réalistes, ou quasi documentaires. Dreyfusard engagé, il reconstitue en 1899 « L'Affaire », en 11 épisodes, à partir des documents publiés dans L'Illustration. Divers éléments scénaristiques, synopsis, résumés, découpages et dialogues sont présents dans le fonds, très souvent manuscrits. Méliès fait beaucoup d'adaptations de textes littéraires, comme Le Voyage à travers l'impossible, tiré de la pièce de Jules Verne et Adolphe Dennery.

Synopsis du Voyage à travers l'impossible, 1904, de la main de G. Méliès.

Synopsis du Voyage à travers l'impossible (1904), de la main de Georges Méliès.

Il n'y a guère qu'une chose que Méliès ne fait pas, tenir la caméra, puisqu'il occupe souvent le premier rôle dans ses films, et la déplacer : la caméra reste fixe devant le plateau conçu comme une scène de théâtre et des décors qui, eux, bougent, d'où la mise au point de mille stratagèmes pour effectuer les « mouvements de caméra », grâce à son ingéniosité de bricoleur et à Eugène Calmels, chef mécanicien du théâtre Robert-Houdin devenu son chef projectionniste. Quelques photos nous dévoilent ces dispositifs, tels ces rouleaux actionnés à la manivelle qui font danser les vagues dans Le Tunnel sous la Manche.

Le Tunnel sous la Manche ou le cauchemar franco-anglais (Georges Méliès, 1907). Photographie de tournage (restauration numérique)

Le Tunnel sous la Manche ou le cauchemar franco-anglais (Georges Méliès, 1907) - Photographie de tournage (restauration numérique)

C'est lui en revanche qui réalise les maquettes des décors et, bien souvent, les peint, sur de grandes toiles – que la nouvelle propriétaire, à la fermeture des studios, décapera entièrement pour les récupérer à la fermeture des studios ; c'est de ce fait l'un des rares matériels dont nous n'ayons pas de relique.
Son goût pour la construction de décors vrais ou faux culmine avec la réalisation en 1902 du Sacre d'Edouard VII, réalisé sur commande de Charles Urban, directeur de la Warwick Trading Company, qui distribue en Angleterre les films de Méliès et veut faire partager le couronnement du souverain au public anglais, friand de reconstitutions d'actualités et d'événements historiques. Méliès se rend à Londres pour faire tous les croquis nécessaires et l'abbaye de Westminster surgit dans les jardins de Montreuil. Le film, diffusé avant que le sacre n'ait eu lieu, fera accuser Méliès de tromperie tant il est réaliste. La correspondance entre Charles Urban et Georges Méliès nous permet de suivre l'aventure et la façon dont s'est organisé le tournage.

Lettre de Charles Urban à Georges Méliès, 11 avril 1902 pour Le Sacre d'Edouard VII

Lettre de Charles Urban à Georges Méliès (10 juin 1902) pour Le Sacre d'Edouard VII.
Urban donne des détails à modifier pour le décor du fait de l'aménagement spécifique de la cathédrale pour le sacre.

Ces maquettes ne doivent pas être confondues avec les recompositions auxquelles Méliès, dans son désœuvrement, s'adonne à partir de 1930. Très léchés, très propres, fourmillant de détails, ces dessins sont facilement reconnaissables à leur facture et à la signature en majuscules de l'auteur. Henri Langlois commandera nombre de ces « photos de plateau » dessinées, véritables œuvres d'art de la plume de Méliès, qui constituent en quelque sorte de vraies-fausses archives de son travail.

Le Royaume des fées (L'empire de Neptune) - Maquette de décor reconstituée par Georges Méliès

Le Royaume des fées (1903). Maquette de décor de L'Empire de Neptune. Reconstitution par Georges Méliès (1930).

Dernier groupe important de dessins présents dans les archives, les maquettes de costumes. De sa patte virtuose, Méliès les croque lui-même dans des esquisses pleines de vie et de malice qui soulignent la personnalité des protagonistes, voire leur gestuelle. Pour Le Palais des mille et une nuits en 1905, qui comporte 30 tableaux, Méliès fait réaliser plusieurs dizaines de costumes pour vêtir princes et rajahs, sorcier, brahmines, danseuses, nains et génies, avec un budget à l'aune de cette « grande féérie orientale »...

Projet de costume, avec détails de la main de Méliès, sur papier à lettres Star Film

Projet de costume, avec détails de la main de Méliès, sur papier à lettres Star Film.

Méliès a l'œil à tout et ne méprise jamais les questions commerciales : il rédige lui-même les catalogues français et anglais destinés à vendre ses films aux forains et directeurs de salles, et aussi des livrets détaillant chaque tableau et donnant la trame du boniment accompagnant les projections. Ce sont ces documents qui ont permis d'établir la liste impressionnante des films réalisés de 1896 à 1912. « Ces sortes de scénarios a posteriori, c'est-à-dire très vraisemblablement rédigés par Méliès lui-même une fois le film achevé, étaient destinés à renseigner l'acheteur éventuel sur le contenu des bandes et à guider le "conférencier" dans ses explications. Ces textes sont très précieux car non seulement ils nous éclairent sur ce que Méliès entendait nous montrer, mais nous renseignent surtout sur la façon dont il voulait que son spectacle fût reçu », nous explique Laurent Mannoni.

Catalogue promotionnel de la Star Film (1900)

Catalogue promotionnel de la Star Film, avec détail de métrage et résumés (1900)

Lumière, ombre et lumière

« M. Méliès a été fort probablement le seul à posséder l'ensemble des compétences littéraires, artistiques, théâtrales, historiques, scientifiques et... pécuniaires nécessaires à l'élaboration des films admirables qui ont captivé notre jeunesse. Tout le monde ne peut pas s'offrir le luxe d'avoir du génie. » (Maurice Noverre)

En 1908, Méliès est à l'apogée de sa notoriété. Les entretiens se multiplient dans les revues professionnelles, jusqu'en Angleterre. Les explications qu'il donne sur son travail sont des analyses pénétrantes des potentiels de ce medium naissant, de la création et de la façon dont lui-même s'inscrit dans l'histoire du cinéma.

Reply to Questionnary. Réponse de Méliès au questionnaire de Jean Acmé Le Roy sur Le Voyage dans la lune

Reply to Questionnary. Réponse de Méliès à un questionnaire de Jean Acmé Le Roy, scénariste et monteur, concernant Le Voyage dans la Lune.

Mais la concurrence s'intensifie, avec l'ouverture de salles de cinéma gigantesques et l'apparition des longs métrages. Les studios Pathé deviennent distributeur exclusif de la Star Film, mais les films de Méliès semblent désuets et tombent dans l'oubli, tandis que le théâtre Robert-Houdin ferme ses portes. Méliès cesse de tourner en 1913. Jusqu'en 1923, il est acteur et metteur en scène de pièces de théâtre et opérettes avec toute sa famille – la troupe Méliès-Fix – dans différents théâtres de Montreuil. Généralement, c'est lui qui écrit les adaptations, livrets, voire chansons, comme pour cet Employé modèle, dont la Cinémathèque conserve trois exemplaires manuscrits, des copies de travail, peut-être, ou destinées à la vente à d'autres théâtres ? Les fonds recèlent un grand nombre de programmes de soirées données au Théâtre des variétés artistiques, qu'il a installé dans son ancien studio B réaménagé en théâtre et qu'il dirige, ou au Théâtre du Cinéma Lyrique.

Programme du Théâtre des Variétés artistiques de Méliès

Programme d'une représentation d'une fantaisie sur le motif de La Cigale et la Fourmi
au Théâtre des variétés artistiques, dirigé par G. Méliès.

Puis c'est la propriété de Montreuil qui est vendue, les studios sont détruits. Une légende tenace veut que Méliès lui-même brûle ses films ; en réalité, à court d'argent, il a probablement vendu sa collection de négatifs et positifs, au poids, à des récupérateurs de celluloïd. Très endetté, tombé dans l'anonymat, il tient avec Jehanne d'Alcy – veuf depuis 1913, il s'est remarié avec son actrice fétiche en 1925 –, un kiosque de jouets et friandises situé dans la gare Montparnasse. C'est là que le directeur de Ciné Journal, Léon Druhot, le reconnaît en 1926. Lui et d'autres professionnels et critiques de cinéma se mettent en devoir de le tirer de l'oubli. La Cinémathèque conserve une importante correspondance entre les différents acteurs de cette résurrection, dont une somme remarquable de 153 lettres belles, ardentes et souvent drôles de Maurice Noverre, critique et historien du cinéma, directeur du Nouvel Art cinématographique, et l'un des plus pugnaces défenseurs de Georges Méliès.

Lettre de Maurice Noverre à Méliès 9 juin 1929

« Ne confondons pas l'outillage cinématographique avec l'Art cinématographique ! »
Lettre de Maurice Noverre à Méliès (9 juin 1929)

Henri Langlois compte au premier chef parmi les personnalités du cinéma qui œuvrent pour rendre à Méliès la place qui lui revient. Il est un précieux acolyte de la famille dans la sauvegarde de tout ce qui touche à la vie et à l'œuvre du créateur. En 1929 un gala lors duquel sont projetés huit films, les seuls retrouvés à cette époque, vient clôturer les polémiques des détracteurs de Méliès. Il sera suivi de l'octroi de la Légion d'honneur, en 1931, des mains de Louis Lumière, puis de l'attribution d'un logement au château d'Orly.

Lettre de Georges Méliès à Henri Langlois (11 septembre 1937).

« D'après ma conversation d'hier avec M. Franju... » - Lettre de Georges Méliès à Henri Langlois (11 septembre 1937)

Pour clôre ce rapide panorama des archives, il faut mentionner les interviews de témoins des premiers temps du cinéma, menées par la Cinémathèque dans le cadre de la Commission de recherches historiques qu'elle a créée : sept dossiers numérisés concernant Méliès sont consultables dans le fonds éponyme, avec des interventions d'Henri Langlois, Jean Mitry, Georges Sadoul, Paul Gilson, Musidora... Deux grandes expositions en hommage à Georges Méliès seront organisées à la Cinémathèque, à l'occasion du centenaire de sa naissance en 1961, puis en 2008. L'ouverture du musée Méliès en 2021 boucle la boucle.

« En conclusion, mesdames et messieurs, ce qui me réjouit le plus concernant Méliès, c'est qu'il fut autant un cinéaste expérimental qu'un réalisateur de films pour le grand public. » (Norman McLaren)

Références

Sources disponibles à la Bibliothèque

  • Georges Franju, Le Grand Méliès, 1952, DVD armor films
  • Paul Gilson, « Georges Méliès, inventeur », in La Revue du cinéma, 15 octobre 1929
  • François Hood, Écrits et propos : du cinématographe au cinéma – Georges Méliès, éd. Ombres, 2016
  • Henri Langlois, 60 ans d'art cinématographique, 1955
  • Norman MacLaren, Hommage à Georges Méliès, intervention enregistrée pour le second Festival International des Films de Demain, Zürich. Livret du coffret DVD Lobster
  • Jacques Malthête, Méliès, images et illusions, éd. Exporégie, 1996
  • Jacques Malthête et Laurent Mannoni, Méliès, magie et cinéma, éd. Paris Musées, 2002
  • Jacques Malthête et Laurent Mannoni, L'Œuvre de Georges Méliès, éd. de La Martinière, 2008
  • Georges Méliès, choix de textes, correspondance et propos de Méliès, scénarios, impressions et témoignages, présentation par Georges Sadoul, éd. Seghers, 1961
  • Georges Méliès, « Les Vues cinématographiques », in Annuaire général et international de la photographie, éd. Plon, 1907

Sur le web


Tania Capron est médiathécaire à la Cinémathèque française.