Jean-François Laguionie
Du 12 au 14 novembre 2016
Jean-François Laguionie, une vie dessinée
C'est en 1965 que l'on découvre le tout premier film de Jean-François Laguionie, La Demoiselle et le violoncelliste, un court métrage d'à peine dix minutes, en papiers découpés, produit par Paul Grimault (Le Roi et l'oiseau) dont la rencontre quelque temps plus tôt a été déterminante pour le cinéaste. On y retrouve déjà son goût pour l'océan, la nature et la musique, qui rythmeront tous ses films, à l'instar de son court métrage le plus connu, La Traversée de l'Atlantique à la rame, Palme d'or du court métrage à Cannes en 1978, encore célèbre aujourd'hui pour son récit d'une odyssée dérisoire dans un temps immobile.
En 1985, une rupture se constitue dans le parcours de Jean-François Laguionie avec son tout premier long métrage, peint à la gouache, Gwen, le livre de sable, véritable film d'aventures situé dans un monde apocalyptique envahi par le sable. Ce premier long métrage est produit par La Fabrique, studio d'animation cévenol fondé par le cinéaste qui y consacrera aussi une dizaine d'années de production de courts métrages et de films télé. Vient ensuite Le Château des singes (1999) inspiré initialement du Baron perché d'Italo Calvino, puis L'Île de Black Mór (2004), récit de pirates où Laguionie renoue avec ses lectures et son imaginaire d'enfant. Son avant-dernier film, Le Tableau (2011), écrit par Anik Le Ray, réalisé en animation 3D (avec un choix de rendu 2D), est né de l'aveu de l'auteur du désir de « parler de la création à travers la peinture ».
L'une des forces impressionnantes des films de Laguionie, c'est de rendre vivants et incarnés ses personnages imaginaires. À voir Louise en hiver, le tout nouveau film de Laguionie, et sans sous-estimer les dessins, décors et l'animation, inspirés par le souffle d'un imaginaire teinté de mélancolie, on oublie que cette vieille dame, composée des réminiscences de son enfance et d'un certain goût pour la solitude, n'est composée que de pigments et de pixels. Louise est intemporelle, dans son corps, ses mouvements précis, son passé, son histoire, et bien sûr sa voix.
Bernard Payen