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Icône du cinéma d'action des années 1980, Dolph Lundgren a, en effet, exemplairement incarné un type particulier de héros, loin de l'humanité ambiguë et fragile des personnages de cinéma de la décennie précédente. Les corps sont devenus des machines sculptées, à l'anatomie parfaite et à l'expression quasi robotique. Cette nouvelle silhouette humaine qui envahit alors les écrans avec des comédiens comme Sylvester Stallone, Arnold Schwarzenegger ou Jean-Claude Van Damme inaugure un cinéma d'action chorégraphié et emphatique voire pompier. Comme si la forme extatique des corps humains engendrait une forme extatique de la dramaturgie et des récits en constituant une manière d'aufhebung des conventions traditionnelles d'un certain cinéma de série.
Dolph Lundgren est peut-être moins réputé que certains de ses équivalents contemporains. Sans doute parce qu'il mettra un certain temps avant d'obtenir des rôles positifs, à un moment d'ailleurs où une certaine forme de cinéma de série allait se cantonner au direct-to-video. Né le 3 novembre 1957 à Stockholm, il effectue de brillantes études d'ingénieur tout en pratiquant les arts martiaux. Il débute dans un James Bond, Dangereusement vôtre, en 1985 mais c'est dans Rocky 4 qu'il explose véritablement. Il y est Ivan Drago, héros de l'URSS, adversaire sur le ring du personnage incarné par Stallone. Universal Soldier, tourné en 1992, par Roland Emmerich le confronte à Jean-Claude Van Damme et de nombreux commentateurs ont souligné à quel point sa présence marmoréenne et létale vole la vedette au karateka belge. Le scénario, qui imagine des soldats « génétiquement modifiés » et dotés de capacités surhumaine semble une allégorie évidente de la nouvelle humanité qu'incarne ces imposantes étoiles du septième art. Quant aux Maîtres de l'univers, adaptation en 1987 d'une ligne de jouets et d'une série en dessin animé d'heroic fantasy produit par la Cannon, alors au bord de l'agonie, c'est une savoureuse excentricité.
Jean-François Rauger