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Restauration 4K à partir du négatif original 35mm, menée en 2017 par la Fondation Wim Wenders à l'occasion des trente ans de la sortie du film. Avec le soutien en Allemagne du Medienboard Berlin-Brandenburg et du FFA et, en France, du CNC. Ressortie en salles en version restaurée par Tamasa le 25 avril 2018.
Portrait d’une ville qui ne sait pas qu’elle va disparaître. Tourné deux ans avant la chute du Mur, le film montre un Berlin qui porte toujours les cicatrices à vif de son histoire : les ruines de la guerre, les terrains vagues et le Mur, symbole omniprésent de la guerre froide sur lequel bute en permanence la caméra. À cette cartographie concrète, faite de limites et d’horizons bouchés, se superpose une cartographie mentale déployée par le monologue d’Homère, vieillard hantant, en compagnie de Cassiel, la Stadtbibliotek et les zones d’entre deux : il convoque par ses souvenirs – et des images d’archives – la mémoire de ceux qui ont disparu et du Berlin sous les bombardements.
C’est aussi le film d’un retour : après plusieurs films réalisés à l’étranger, Wenders décide de tourner à Berlin, ville où il se pose entre ses voyages. N’étant pas lui-même berlinois, il souhaite porter sur elle un regard extérieur qui ne soit pas pour autant celui d’un touriste. Le projet se monte en quelques mois et le scénario, coécrit avec son collaborateur de toujours, Peter Handke, n’est pas fini quand le tournage démarre. Imprégné par sa relecture des poèmes de Rilke, Wenders voit s’imposer à lui l’idée des anges, « regard libre » capable de traverser la ville, les murs et de circuler de façon fluide dans cet espace marqué par les frontières. C’est tardivement, au cours de l’écriture, qu’émerge le personnage de la trapéziste, interprété par Solveig Dommartin, qui exécutera elle-même ses numéros, dont Wenders pensait d’abord faire un ange. Malgré le chaos de la préparation, l’ajout en cours de tournage du rôle de Peter Falk, le film remporte le Prix de la mise en scène à Cannes et un immense succès.
Wafa Ghermani