Catalogue des appareils cinématographiques de la Cinémathèque française et du CNC

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Caméra film 35 mm non perforé

N° Inventaire : AP-95-1470

Collection : La Cinémathèque française

Catégorie d'appareil : Prise de vues cinématographiques

Nom du modèle : Fusil chronophotographique à bande pelliculaire

Numéro de fabrication : n° 5

Lieu de fabrication : Paris, France

Année de fabrication : 1899

Fiche détaillée

Type de l'appareil

film 35 mm non perforé long de 20 mètres ; mécanisme actionné par électricité ; obturateur à boisseau en laiton ; deux bobines en laiton ; crosse en bois ; gâchette

Auteurs

Marey Etienne-Jules
Boulogne sur Seine, Parc des Princes, Station physiologique

Fabricants

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Utilisateurs

Marey Etienne-Jules
Boulogne sur Seine, Parc des Princes, Station physiologique

Distributeurs

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Sujet du modèle

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Objectif

absent

Taille de l'objet

Ouvert :
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Fermé :
Longueur : 81 cm
Largeur : 9 cm
Hauteur : 14 cm

Diamètre :
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Taille de la boîte de transport

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Remarques

Porte une étiquette avec un numéro manuscrit : "N° 5".

Version moderne, fonctionnant à l'électricité et avec un film, du premier fusil de Marey (1882). C'est certainement l'une des toutes premières caméras 35 mm électriques portables.

Le 10 janvier 1900, Marey présente son nouveau fusil au Photo-Club de Paris : "J'ai l'honneur de vous présenter un appareil nouveau dans sa forme dernière, mais déjà ancien dans son principe, c'est le chronophotographe avec lequel ont été prises, pour la première fois, ces séries d'images photographiées sur des bandes pelliculaires et qui servent aujourd'hui pour les projections animées. C'est en 1888 que j'ai réussi à obtenir des séries d'attitudes d'un animal en mouvement, et j'ai montré, l'année suivante, à l'Exposition universelle, un zootrope où l'on pouvait voir des chevaux au trot ou au galop, des hommes qui couraient, des oiseaux qui volaient. La disposition primitive de mon appareil était encore bien défectueuse ; il donnait, il est vrai, des images nombreuses, quinze à cent dix par seconde, séparées entre elles par des intervalles de temps égaux, mais sur la pellicule sensible les distances n'étaient pas rigoureusement égales, de sorte que pour les voir au zootrope, il fallait au préalable les découper et les coller à intervalles égaux. Edison vit ces premiers essais et ce fut une bonne fortune, car il appliqua son ingéniosité merveilleuse à créer un appareil où la pellicule sensible recevait les images à des distances parfaitement égales entre elles. Pour cela, il perfora chacun des bords de la pellicule d'une série de trous équidistants ; un cylindre à chevilles s'engrenant dans ces trous, assurait la régularité du mouvement. C'est la disposition fondamentale du kinétoscope (1894) qui montrait des scènes animées, durant environ une minute, et dans lesquelles le mouvement était rendu avec une vérité admirable. Ce grand succès fut éphémère ; l'appareil d'Edison devait être bientôt supplanté en 1895 par le cinématographe de MM. Lumière, qui projetait sur un écran les scènes animées et les faisait voir à un nombreux public. Dans leur cinématographe, MM. Lumière emploient la pellicule perforée d'Edison, mais ils y ajoutent un dispositif qui fait que chaque image s'arrête un instant au foyer de l'objectif, au moment précis où elle est éclairée par la lampe électrique d'une lanterne à projection ; un obturateur rotatif amène périodiquement une phase d'obscurité pendant laquelle une nouvelle image vient prendre la place de la précédente. La fusion dans notre oeil de ces images successives donne la sensation d'un éclairement continu de la scène projetée. Le succès du cinématographe a fait créer bien des instruments similaires ; il en est peu, jusqu'ici, qui le surpassent en perfection. Cependant j'avais suivi mes recherches et graduellement perfectionné mon chronophotographe. En 1893 (Le Mouvement, Paris, G. Masson, 1894), j'avais déjà essayé d'obtenir des projections animées ; toutefois, l'insuffisance de régularité des intervalles des images me forçait à retravailler mes pellicules négatives pour placer des images à des intervalles équidistants, et cependant la bande d'images positives rendue ainsi régulière était encore soumise à des ressauts insupportables. La force des choses m'avait bien conduite à appliquer cette pellicule sur une bande de toile caoutchoutée munie de perforations latérales et fenestrées en face de chaque image ; j'avais aussi, sans connaître encore l'invention d'Edison, employé un cylindre à chevilles pour conduire cette bande, mais d'autres causes d'irrégularité détérioriaient bien vite les perforations de ma bande et les saccades reparaissaient. Je m'obstinai toutefois à poursuivre l'équidistance des images et je réussis à l'obtenir en 1897 (Bulletin de la Société française de photographie, 15 février 1897), au moyen d'une disposition que je présentai à la Société française de photographie et dont voici le principe. Un lamineur formé de deux rouleaux tournant en sens inverse l'un de l'autre entraîne d'un mouvement uniforme la pellicule qu'il déroule d'une bobine magasin. Au delà de ce lamineur la pellicule est soumise à l'action d'un compresseur intermittent qui l'arrête au foyer de l'objectif pendant les temps d'éclairement. Au delà un second lamineur à rotation rapide tire sur la pellicule d'une façon constante, mais ne peut l'entraîner que pendant le temps où le compresseur ne l'arrête pas, c'est à dire pendant les phases d'obscurité. Plus loin la pellicule va s'enrouler sur une bobine réceptrice. Or, pendant les arrêts produits par le compresseur, la pellicule, incessamment amenée par le premier lamineur, s'accumule en amont de l'obstacle et forme une boucle d'autant plus prononcée que la durée de l'arrêt est plus longue. Ce pli devra être défait pendant la courte phase où la pellicule sera libre ; c'est pourquoi le second lamineur est animé d'une rotation plus rapide. Enfin ce second lamineur, devant incessamment tirer sur la pellicule, même lorsqu'elle est arrêtée, il faut que cette traction soit légère et que, si la pellicule résiste, le deuxième lamineur patine sans vaincre l'effort du compresseur. Ces résultats sont obtenus par des dispositions particulières, il y en a même une toute spéciale destinée à obtenir que la pellicule échappe à tout frottement capable de la rayer. Après maintes expériences qui me montraient que la pellicule éprouvait avec une régularité parfaite ses alternatives de marches et d'arrêts, je pouvais espérer que mon appareil, disposé pour les projections, allait donner d'excellents résultats ; il n'en fut rien. Les images projetées se déplaçaient graduellement sur l'écran, la scène animée, très parfaitement reproduite du reste, sortait lentement du champ et faisait place à une autre qui, peu à peu, s'en allait à son tour. Cet accident a dû poursuivre tous ceux qui ont tenté de faire des projections animées ; il a sans doute inspiré à Edison l'idée de perforer les bords de la pellicule ; il tient à ce que, dans les opérations du développement des images, la pellicule subit un retrait. Avec les pellicules perforées, ce retrait, extrêmement faible entre deux images, est incessamment corrigé par la pénétration des chevilles, tandis que dans mon appareil ces petits retraits s'ajoutent entre eux et font peu à peu sortir l'image du champ de la projection. [...] En somme, les images vont trop vite, puisque pour chaque mètre de bande il en passe une de trop ; cherchons donc le moyen de les faire passer moins vite. Divers moyens permettent d'atteindre ce résultat. L'un des plus simples consiste à créer une résistance au mouvement de la bande en freinant le déroulement de la bobine magasin au moyen d'une légère pression exercée sur son fond. Un autre moyen se prête à faire varier la vitesse dans les deux sens, à l'accélerer ou à la ralentir à volonté. Il consiste à employer pour le premier lamineur des cylindres en caoutchouc légèrement déformables, suivant qu'on serre plus ou moins le lamineur. Le périmètre d'un cylindre augmente dès qu'on le déforme ; ainsi en serrant le lamineur on fera défiler les images plus vite ; en le desserrant elles avanceront plus lentement. L'opérateur, l'oeil fixé sur l'écran, neutralisera par une pression convenable la tendance au déplacement des images. Quelques projections vont vous montrer que la marche de mon nouveau chronophotographe est parfaitement régulière [...]. Si vous me le permettez, j'ajouterai à cette présentation déjà longue celle d'un autre appareil, ou plutôt d'une autre disposition du chronophotographe. J'en ai fait une sorte de fusil avec lequel on peut instantanément saisir une scène qui se produit à l'improviste. Une caisse rectangulaire, longue et étroite, représente le canon du fusil ; elle contient tous les organes du chronophotographe, seulement ces organes sont disposés autrement. Sur la boîte allongée est un viseur de Davanne. Une crosse creuse contient une petite dynamo qui actionne l'appareil aussitôt que le doigt, en pressant la détente, ferme le courant d'une pile portative. Ce fusil diffère beaucoup de celui que j'avais construit, il y a quinze ans, pour étudier les mouvements du vol des oiseaux. Je réunissais alors les images sur un disque de glace sensibilisée et n'en pouvais obtenir que douze en tout, la durée totale étant d'un peu plus d'une seconde. Le nouveau fusil débite une bande de vingt mètres de long, à raison de quinze à vingt images par seconde et avec des intervalles parfaitement équidistants. D'après la bande négative ainsi obtenue, on fait une positive qui passe au projecteur chronophotographique. Ainsi se trouve supprimée la nécessité d'installer lentement son appareil sur un pied de campagne et de le braquer sur l'objet en mouvement. Ces lenteurs rendaient souvent impossible l'étude d'un grand nombre de phénomènes. Si le sujet vous intéresse, vous me permettrez un autre jour de vous montrer une disposition qui permet d'appliquer le même appareil à l'étude des phénomènes microscopiques" (Bulletin du Photo-Club de Paris, 1900, p.38-42 ; Ciné-Journal, n° 102, 6 août 1910).

"Nous avons construit un instrument d'un nouveau type dans lequel une bande de 20 mètres reçoit les images successives. L'obturateur est formé d'un robinet à lumière, bien moins encombrant que le disque. Dans la crosse, est un rouage mû par une dynamo. Chaque fois qu'on presse sur la détente, la pellicule prend son mouvement ; elle s'arrête aussitôt qu'on cesse d'appuyer sur la détente. Des accumulateurs légers ou une pile portative fournissent le courant nécessaire" (E.J. Marey, Exposition d'instruments et d'images relatifs à l'histoire de la chronophotographie, Paris, Belin, 1901, p. 24).

Bibliographie

Bulletin du Photo-Club de Paris, 1900, p.38-42.

Exposition d'instruments et d'images relatifs à l'histoire de la chronophotographie, Paris, Belin, 1901, p. 24.

Ciné-Journal, n° 102, 6 août 1910.