Le 13 octobre 1986, Charles Tesson rencontre Nagisa Ōshima à l'occasion du cinquantenaire de la Cinémathèque française.
En 1986, la Cinémathèque française fêtait son cinquantième anniversaire. Tout au long de l'année, cinéastes et personnalités du cinéma mondial (de Bette Davis à Wim Wenders, d'Elia Kazan à Nagisa Ōshima, de Claude Chabrol à Werner Schroeter...) se sont succédé dans la salle mythique du palais de Chaillot pour montrer leurs films et en parler.
En 2023, douze de ces entretiens filmés ont été retrouvés sous forme de rushes sur cassettes Betacam. Historiques et inédits, ils seront présentés sur HENRI au fil de la saison 2023-2024.
Avec un peu d'avance sur les célébrations de 1986, c'est Jean-Luc Godard en personne qui inaugurait la formule, le 27 novembre 1985, à l'occasion de la sortie du livre d'Alain Bergala Jean-Luc Godard par Jean-Luc Godard : 80 minutes de discussions filmées caméra à l'épaule par Raymond Depardon restées inédites à ce jour, à découvrir dès maintenant sur HENRI.
Noir c'est noir : drame, crime, enquête et châtiment. Bienvenue dans le monde inquiétant et douloureux du muet tragique, grand révélateur de nos sociétés modernes. Parce que le noir est une couleur et que le noir du nitrate ne trouvera jamais d'égal.
Marcel Hanoun nous avait prévenus : la création est un cri politique. Indépendance de production, coopérations inédites, prises de parole urgentes, cinéma militant. Ici, nous présentons les politiques-fictions et les œuvres exigeantes à tout point de vue, les ciné-luttes.
Qui d'autre qu'Édouard Glissant pour nommer notre section documentaire ? Car il sera exactement question de cela : visions de l'univers, imaginaire, conquête et histoire des peuples. Comme pour regarder tout le « bleu du monde au creux de ta main » (un peu de Duras ici, aussi).
« J'appelle Tout-monde notre univers tel qu'il change et perdure en échangeant et, en même temps, la "vision" que nous en avons. La totalité-monde dans sa diversité physique et dans les représentations qu'elle nous inspire : que nous ne saurions plus chanter, dire ni travailler à souffrance à partir de notre seul lieu, sans plonger à l'imaginaire de cette totalité. Les poètes l'ont de tout temps pressenti. Mais ils furent maudits, ceux d'Occident, de n'avoir pas en leur temps consenti à l'exclusive du lieu, quand c'était la seule forme requise. Maudits aussi, parce qu'ils sentaient bien que leur rêve du monde en préfigurait ou accompagnait la Conquête. La conjonction des histoires des peuples propose aux poètes d'aujourd'hui une façon nouvelle. La mondialité, si elle se vérifie dans les oppressions et les exploitations des faibles par les puissants, se devine aussi et se vit par les poétiques, loin de toute généralisation. »
Une troupe, la dernière en France à avoir travaillé en permanence dans son studio, une histoire menée avec une intense passion, à la russe, par des réalisateurs, producteurs, techniciens, décorateurs. Le studio Albatros (1919-1929) : Hollywood à Montreuil !
Silence, on rigole : gags en tous genres du muet, abécédaire du comique de gestes et du slapstick, situations impossibles et issues inattendues, accidents absurdes et lamentables, stéréotypes ou visions déformées à outrance, bagarres à gogo, poursuites impossibles et histoires grivoises.
Tout naturel de rapprocher les films pionniers, le cinéma d'avant le cinéma et les avant-coureurs, les avant-gardes : sésame pour une histoire parallèle au cinéma dominant, à partir de titres importants sauvegardés et programmés par la Cinémathèque française.
« Des films authentiques, il n'y en a pas beaucoup. Le discours dominant est que le cinéma est un art, moi je pense que le cinéma est de moins en moins un art. Il faut lutter pour qu'il reste un art, mais c'est surtout une industrie étant donnée la concentration actuelle, les intérêts en cours. L'utopie, c'est bien ! Ce qui vaut le coup, c'est de lutter pour une cause impossible. » (Jacques Rozier, 2003)
De tous les cinéastes français de la Nouvelle Vague ou apparentés, Jacques Rozier est peut-être le plus mystérieux, le plus espiègle, et aussi le plus discret. Plus de soixante ans ont passé depuis son premier court métrage, Rentrée des classes, en 1956 : il est temps aujourd'hui de restaurer les films de ce cinéaste majeur qui, en proposant une œuvre sensible et décalée, a marqué l'histoire du cinéma français et continue d'influencer de jeunes réalisateurs. Ici, une sélection de courts métrages récemment restaurés avec le concours de leur auteur.
Durant les 5 jours du Festival de la Cinémathèque (13-17 mars 2024), 5 films sont proposés de concert sur HENRI pour faire découvrir au plus grand nombre, toujours et encore, les collections de la Cinémathèque française et d'ailleurs. Programmation (en) fusion, de Budapest à L.A. en passant par les Côtes-d'Armor ou le studio Francœur à Paris, avec les mêmes ambitions d'éclectisme et de rareté qu'en salles. Le premier film de Judit Elek, amorce de son esprit pionnier empreint de docu-fiction et de cinéma direct. La prise de conscience politique d'une jeune Afro-Américaine filmée au son de John Coltrane par Melvona Ballenger, représentante du mouvement cinématographique L.A. Rebellion. En écho à la séance de Rififi à Tokyo (Jacques Deray), des images intimes du mariage français de Keiko Kishi, vedette japonaise. Puis, récemment restaurées par la Cinémathèque française, deux aurores noires, destins dramatiques et torturés du cinéma muet.
Indéniable et irréductible, le cinéma ukrainien, plus fort que les balles.
Séances spéciales en solidarité avec l'Ukraine.
Après les films de Kira Mouratova – figure marquante du cinéma ukrainien depuis les années 1960 –, la programmation Slava Ukraïni ! Слава Україні! met en lumière le travail essentiel réalisé en ce moment par le collectif Babylon '13, un groupe de cinéastes ukrainiens qui témoignent, au jour le jour, de la résistance sous toutes ses formes dans leur pays en guerre. Plutôt que des images de combat, les films programmés montrent la vie quotidienne dans toute sa complexité.
Focus sur la Cinémathèque idéale des banlieues du monde, un projet pensé et porté par la cinéaste Alice Diop avec la complicité des Ateliers Médicis et du Centre Pompidou pour combattre les idées reçues et revisiter un imaginaire dominant sur la banlieue. La Cinémathèque idéale se réapproprie le terme de banlieue, non pour produire un contre-récit mais pour élargir, nourrir, compléter des récits nationaux et, surtout, l'histoire des formes. Constituer une archive du cinéma des « banlieues du monde », toujours en mouvement, jamais exhaustive, c'est contribuer à faire connaître, voir ou revoir des films peu connus, peu célébrés, insuffisamment partagés.
Du 13 au 16 décembre, HENRI fait dialoguer quatre films (français, pour cette proposition) de facture diverse – films d'archives et œuvres plus récentes, fiction et documentaire – pour montrer la singularité des approches cinématographiques habituellement rangées sous le terme générique de « films de banlieue ».
Cinéastes au travail, cinéma en travail : documents arpenteurs du plateau de tournage à la salle de montage, images d'atelier montrant et démontrant la fabbrica du cinéma, à la recherche du bleu de Chartres (Langlois évoquant Vigo pour Boutang) ou d'un sourire enfoui (Pedro Costa filmant les Straub-Huillet pour Cinéma, de notre temps).
À l'occasion de l'exposition-défilé CinéMode imaginée par le couturier cinéphile Jean Paul Gaultier, proposition d'une histoire permanente croisée du cinéma et de la mode. "Dress gives one the outward sign from which people in general can, and often do, judge upon the inward state of mind and feelings" (« La tenue vestimentaire donne un signe extérieur à partir duquel les gens en général peuvent juger, et ils le font souvent, de l'état d'esprit et des sentiments intérieurs »), comme nous le dit Mae West.
L'œuvre de Jean Epstein (1897-1953) offre un nuancier de puissances formelles du cinéma : vitesses, durées, formes plastiques, narratives et descriptives. L'essentiel de sa filmographie est composée de quatre périodes clés, à peine étalées sur dix années, conservée et restaurée par la Cinémathèque française.
Programmer des raretés d'une collection film d'une cinémathèque, de notre Cinémathèque, c'est donner à voir une création effrénée, fiévreuse, diversifiée, des œuvres aussi qui respectent peu les cadres ou l'habituel. Durant les 5 jours de notre festival, 5 films issus de nos collections : cinéma photographié par Henri Cartier-Bresson, Mickey militant, Ghérasim Luca à la Louma, sulfure du cinéma primitif italien et home movie signé Frédéric Pardo. Un film mis en ligne chaque jour, du mercredi 8 au dimanche 12 mars.
Selon le mot de Jean-Luc Godard, « Langlois donna la lumière ». Retour en quelques documents inédits et historiques sur le fondateur de la Cinémathèque française, programmateur-monteur-montreur, artiste, explorateur, architecte du Musée du cinéma.
Intrigant, somnambule, imprévu, invisible, cadre 1,37:1. Frappés d'insuccès commerciaux et victimes d'obscurs problèmes de droits, les films de Jean-Claude Biette sont pour la plupart restés, depuis le décès de l'auteur survenu en juin 2003, assignés à discrétion. Leur retour sur les écrans et dans les collections de la Cinémathèque française en 2013, suite à une providentielle campagne de restauration, marque la fin d'une nuit de dix ans.
Association internationale de recherche sur le cinéma des premiers temps active depuis 1985 et regroupant 250 membres de plus de 30 pays, Domitor a pour but d'explorer de nouvelles méthodes de recherche historique en promouvant l'échange international d'informations, de documents, et d'idées. Soit, en un mot, rassembler archivistes et chercheurs. « Domitor » n'est pas un acronyme, mais une reprise du nom que le père des frères Lumière avait proposé à la place de « Cinématographe » – ainsi, comme le déclare l'historien du cinéma Georges Sadoul en 1964, avons-nous failli aller « au domitor » plutôt qu'au cinéma ! L'une des activités les plus importantes de Domitor consiste en colloques internationaux bisannuels. En 2020, et maintenant 2022, HENRI se fait un plaisir de montrer en ligne quelques-uns des films projetés à l'occasion des rencontres.
Otar Iosseliani, né à Tbilissi (Géorgie) en 1934, esprit libre, tour à tour musicien, pêcheur, ouvrier métallurgiste et réalisateur. Ses films, qu'il décrit comme simples, honnêtes et têtus, « optimistes sans oublier que tout finira mal », constituent une œuvre étrangement poétique, délicatement burlesque et ironique, nourrie chez René Clair, Buster Keaton et Jacques Tati.
« Bon courage à celui qui veut être ruizien », prévient Melvil Poupaud. On aimerait quand même essayer. Un aperçu du jeu de l'oie cinématographique de Raoul Ruiz (1941-2011), grand ordonnateur de récits gigognes, espaces-pièges, énigmes et chausses-trapes, dans des restaurations menées par la Cinémathèque française en collaboration avec Valeria Sarmiento, François Ede et l'INA.
Trois courts métrages totalement inédits réalisés par Jean-Claude Brisseau et confiés à la Cinémathèque par Lisa Hérédia, qui fut la compagne et la collaboratrice du cinéaste. Ces trois films en 8 mm ou Super 8, tournés entre 1966 et 1968, témoignent d'un désir de cinéma intense, celui d'un jeune ciné-fou (22 ans) en ce temps-là suffisamment motivé pour se faire embaucher quelques mois dans les laboratoires Kodak afin d'avoir accès, à prix réduit, à de la pellicule. Les trois films – ses tout premiers à notre connaissance – sont bouleversants. Loin de n'être que l'ébauche imparfaite de l'œuvre à venir, cette trilogie témoigne du génie d'un artiste habité par de brûlantes obsessions qui engageront sa vie entière. Tout est déjà là.
Le film à épisodes était projeté traditionnellement dans les salles de cinéma en premier programme d'un long métrage. Conçu pour fidéliser les spectateurs, le serial, ou ciné-roman en France, fut un genre très populaire du cinéma muet, faisant la fortune des premiers studios. C'est l'ancêtre naturel de la série télévisée et de la VOD. Binge watching encouragé !
Science-fiction, vespa, polaroïd, baby-foot, cool, décolonisation, verlan, babysitter, blue-jean, pizzéria, cha-cha-cha, contraceptif, rock, Big Bang, scoop, spoutnik, bionique, scoubidou, beatnik, supérette... Bien entendu, il ne sera pas question de tout cela. Une sélection de films inattendus et anti-cartes postales des fifties.
Quelques images de la France sous Giscard. Des « pas de côté » à la Gébé. Des films autarciques à petit budget, intimistes et asociaux qui parlent pourtant de la Nouvelle société, irrévérencieux et marginaux, témoins déjà à bout de souffle en post-déprime 68... Dites, vous n'avez rien contre la jeunesse ?
Selon une géographie trompeuse, le Far West s'étend de la Camargue à la Corrèze, sur la West Coast, ou encore entre le New Jersey et Los Angeles. Quelques primitifs de l'histoire permanente et composite du western, qui n'est pas qu'un genre de l'âge d'or du cinéma hollywoodien.
Nouveau regard sur le cinéma américain contemporain, American Fringe propose un échantillon représentatif d'un champ passionnant et méconnu, à la marge du « cinéma indépendant ». Depuis 2016, au cours d'un week-end d'automne, huit programmes de travaux très récents sont rituellement projetés à la Cinémathèque, parfois en présence des réalisateurs. En 2020, la manifestation est annulée en raison des conditions sanitaires. Les curators Richard Peña et Livia Bloom Ingram proposent pour HENRI une sélection best-of des quatre éditions (2016-2019), en coopération avec Arts Arena.
Durant les 5 jours de notre festival, 5 films issus de collections d'archives : trois raretés de la Cinémathèque française (un inédit en Hi-8 de Chris Marker, le premier film de fiction du père du cinéma béninois et les Black Panthers de South Central vus par un jeune Français), les essais de Marlene pour L'Ange bleu (Murnau Stiftung et Deutsche Kinemathek) et un sublime drame muet hongrois, L'Indésirable (quand Michael Curtiz s'appelait encore Mihály Kertész, en provenance du National Film Institute à Budapest).
« Je ne veux pas montrer, je veux donner envie de voir. » Un entretien de carrière Governors Award, deux rushes inédits (une bobine test d'une fiction jamais réalisée et une bobine promenade à NY avec Pasolini), un autoportrait en trois vies (cinéaste, photographe, plasticienne). Varda de-ci, de-là, en 4 séances pour montrer l'artiste en bleu de travail, oui mais fabriqué avec un mystérieux bleu de Chartres, selon sa fine habitude de brouiller les pistes, modestement. En partenariat avec l'Academy Museum of Motion Pictures et Ciné-Tamaris.
Il y a, paraît-il, une « patte » Dedet, une grammaire du montage radicale et manifeste. Et à la caméra, il nous dit quoi ? À l'occasion de la rétrospective consacrée à l'un des monteurs les plus réputés du cinéma français (Cinémathèque française, du 10 au 19 mai 2023), HENRI vous propose de découvrir Yann Dedet cinéaste à travers trois films qu'il a réalisés, ainsi qu'un portrait filmé inédit, signé de son ami Julien Suaudeau.
Young blood et nouveaux venus, bienvenue dans la section de la création cinématographique contemporaine.
Depuis octobre 1997, Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains est un établissement de formation artistique audiovisuelle de haut niveau, cofinancé par le ministère de la Culture et la région Hauts-de-France, avec la participation de la ville de Tourcoing. Sa conception et sa direction artistique et pédagogique ont été confiées à Alain Fleischer. L'objectif du Fresnoy est de permettre à de jeunes créateurs de réaliser des œuvres avec des moyens techniques professionnels, sous la direction d'artistes reconnus, et dans un large décloisonnement des différents moyens d'expression, prolongé par une politique de diffusion ambitieuse d'expositions et d'événements, en particulier Panorama, qui présente en septembre de chaque année l'ensemble des œuvres produites au Studio.
Ce programme, panorama en quatre films courts, mélange auteurs connus, comme le Taïwanais Tsai Ming-liang (venu enseigner) et jeunes artistes d'horizons différents (de la France à l'Arabie saoudite, en passant par la Tunisie et le Chili), aux pratiques diverses (documentaire-opéra, utilisation des nouvelles technologies et de la pellicule). Si Tsai Ming-liang livre en 2001 un film pétillant, plein d'ironie et d'humour absurde, les œuvres des jeunes cinéastes sont en prise directe, de façon brute et poétique, avec une réalité contemporaine où le désespoir n'est jamais loin.
En solidarité avec l'Ukraine, au 365e jour de guerre, une rétrospective jeune public en 9 films, en ligne pour un an. HENRI étant accessible au monde entier, ce panorama du court métrage d'animation ukrainien (1968-1996) est aussi pensé pour les enfants d'Ukraine. Slava Ukraïni! pour que vive le cinéma ukrainien.
Une rétrospective proposée avec le soutien de l'Académie des beaux-arts
en solidarité avec le Centre national Oleksandr Dovzhenko, Kyiv.
Hommage au Fresh Wave Film Festival de Hong Kong.
« Mon seul conseil, est que vous devez continuez à faire des films, des courts métrages en particulier, car ils permettent d'expérimenter toutes les variantes, le savoir-faire et la mobilité de l'art cinématographique. Je suis sûr qu'aussi longtemps que Hong Kong survivra, le cinéma de Hong Kong survivra, le cinéma hongkongais persistera à prospérer. Alors, allez-y, lancez-vous ! » (Johnnie To, 2021)
Lancé en 2006 par le réalisateur Johnnie To, le Fresh Wave Film Festival est devenu un vivier indispensable de jeunes talents hongkongais et l'un des rares espaces de libre création à Hong Kong. Alors que la censure s'abat sur les films actuels et passés, la Cinémathèque française profite de la 16e édition du festival qui aura lieu du 17 juin au 17 juillet 2022 pour rendre hommage en trois films à ce festival courageux et en souvenir des mouvements démocratiques de la jeunesse de Hong Kong de juin à octobre 2019. À Paris aura lieu également le premier Festival de films hongkongais qui présentera des films interdits sur ce territoire (23 juin-2 juillet 2022 au cinéma L'Épée de bois).
Focus sur le cinéma indépendant japonais post-Fukushima, avec la complicité de la critique et journaliste Nanako Tsukidate (ex-membre du comité de sélection de la Semaine de la critique, sélectionneuse à la Mostra pour les Venice Days). Après les années 2010, plusieurs jeunes cinéastes japonais ont commencé à émerger sur la scène internationale. Leurs créations radicales et originales ne sont visibles que dans les festivals internationaux – Locarno, Rotterdam ou FIDMarseille – sans trouver de distributeurs internationaux, hormis quelques exceptions comme Ryūsuke Hamaguchi. Japan Fringe se propose de rassembler des œuvres personnelles, produites indépendamment, qui ont pour dénominateur commun d'être tournées après le 11 mars 2011, date du grand tsunami et de la catastrophe de Fukushima. Les genres et formats sont divers : fiction, documentaire, docu-fiction ou expérimental, les cinéastes partagent consciemment ou inconsciemment, directement ou indirectement, la sensation d'absence, de perte et d'inquiétude face au monde de l'après dans lequel ils doivent vivre. Japan Fringe permet de renouer avec une histoire renouvelée du cinéma japonais encore trop peu abordée à l'étranger. Cette sélection de 9 films sera mise en ligne du 1er au 17 décembre au rythme d'un film ajouté chaque mercredi, jeudi et vendredi.
Le Thai Film Archive a été fondé en 1984 par l'historien du cinéma Dome Sukvongse et possède, en plus d'un musée et de trois salles de cinéma, un laboratoire de restauration et de numérisation. Ce programme en quatre films, du mélodrame musical au film d'horreur en passant par le slapstick amateur proto-queer, offre une belle plongée dans la collection des plus anciens films conservés de fiction allant de l'époque des films en 16 mm à celle des films populaires en 35 mm, soit l'âge d'or des années 1950.
Du cosplay en forêt au suspense façon Hitchcock, en passant par le film de sabre et la comédie loufoque prônant une sexualité libre, une déclinaison d'un « cinéma en langue taïwanaise » (taiyupian) insolent, plein de vitalité et de fougue pied de nez à la dictature alors en place à Taïwan. Un focus en quatre films, en collaboration avec le TFAI (Taiwan Film and Audiovisual Institute), le Bureau français de Taipei et le Centre culturel de Taïwan.
Le festival de Bologne Il Cinema ritrovato est le rendez-vous rituel et incontourable du début de chaque été. Mais en 2020, il n'a pas pu se tenir aux dates habituelles pour cause d'épidémie. Un contretemps qui nous a donné envie de lui offrir l'écran d'HENRI le temps de quatre séances spéciales. Gian Luca Farinelli et Mariann Lewinsky, en coopération avec la Cineteca di Bologna et Eye Filmmuseum à Amsterdam, ont composé spécialement ces programmes de grands et petits films qui existent encore grâce au travail des archives.
Allemand d'origine, installé en Suède depuis le milieu des années 1960, Peter Nestler, est l'auteur de plus d'une soixantaine de films. Son œuvre documentaire s'ancre toujours dans une réalité très concrète et frappe par sa clarté de vue politique, sa grâce poétique et sa liberté formelle. Nestler s'est intéressé aux conditions de vie et de travail de ses contemporains, à leur évolution, à l'immigration, et aussi, souvent, aux résurgences du fascisme. À 84 ans, il est toujours en activité et prépare actuellement un ambitieux documentaire sur la persécution des Roms. Comme le comprit très vite son ami Jean-Marie Straub, Peter Nestler est l'un des cinéastes allemands les plus importants de sa génération. En 2018, nous l'avions reçu à la Cinémathèque française dans le cadre du festival du film restauré Toute la mémoire du monde pour montrer une quinzaine de ses films en sa présence. Voici maintenant, sur HENRI, un hommage à Peter Nestler en trois films.
Pour accompagner la rétrospective qui lui est consacrée du 2 septembre au 27 octobre sur les écrans de la Cinémathèque, HENRI présente quatre courts métrages de Dino Risi (un nouveau film ajouté chaque mercredi du 8 au 29 septembre), films de commande réalisés au sortir de la guerre, dans lesquels le futur maître de la comédie italienne, sous l'influence incontournable du néoréalisme, aiguise son regard sur la nouvelle réalité sociale de la péninsule. Programme proposé en coopération avec la Cineteca nazionale (Rome).
L'un des metteurs en scène les plus importants du cinéma muet français. Directeur artistique de la Société cinématographique des auteurs et gens de lettres (SCAGL), succursale de Pathé, Albert Capellani porte à l'écran les grandes œuvres de la littérature française avec une impressionnante modernité. Ses mises en scène innovantes, souvent en extérieurs et en décors naturels, attirent le public de théâtre vers les salles de cinéma au début des années 1910. Il est l'un des premiers à aller « sur le motif », instaurant la pratique du repérage afin de donner plus de réalisme à son œuvre. Ses films sont exportés dans le monde entier, particulièrement aux États-Unis, où il s'expatrie en 1915 et mène une seconde carrière jusqu'au début des années 1920. Sa filmographie, qui n'était plus connue que de quelques cinéphiles, a fait l'objet de premières rétrospectives en 2009.
Le 10 avril 2020, trois semaines après le début du premier confinement, la Cinémathèque lançait HENRI pour répondre à un désir simple mais essentiel : continuer à montrer des films alors que ses salles sont contraintes à la fermeture. Pour célébrer son premier anniversaire, HENRI vous offre une programmation triphasée, entrée-plat-dessert : trois films exceptionnels à découvrir à partir du vendredi 9, samedi 10 et lundi 12 avril 2021.