Naissance
10 janvier 1898 à Riga, Lettonie
Décès
11 février 1948 à Moscou, Russie
Liens familiaux
Il est le fils d'un ingénieur civil et architecte célèbre - Mikhaïl Ossipovitch Eisenstein - responsable d'une vingtaine de réalisations notables de style art nouveau dans la capitale lettone.
Sa naissance coïncide avec l'avènement du "siècle d'argent" de la culture russe. Très tôt rallié à la Révolution - il rejoint l'Armée Rouge dès Mars 1918 -, Eisenstein collabore à la confection des décors et des costumes du Mexicain (d'après Jack London) mis en scène dans l'Arène Centrale du Proletkult à Moscou (1921). Son engagement en faveur d'un théâtre novateur le conduit à intégrer l'atelier dirigé par celui qui allait devenir son maître et son père de substitution - Vsevolod Meyerhold. Parallèlement, il fréquente les milieux de l'avant-garde proche de Maïakovski et de la revue Lef, où il publie son premier article théorique : "Le montage des attractions", sous l'influence du cirque, de l'affiche et du théâtre de variétés. En 1923-1924, il montera plusieurs pièces : Le Sage d'après Ostrovski (agrémenté d'un film de quelques minutes - Le Journal de Gloumov), Ecoute, Moscou et Masques à gaz, d'après Serguéi Trétiakov.
Elle commence par un projet de sept titres - Vers la dictature - dont un seul verra le jour : La Grève (1924). Ce film sur le despotisme d'ancien régime prend le contre-pied du cinéma traditionnel : Eisenstein récuse l'intrigue portée par des personnages singuliers. Pour commémorer le 20e anniversaire de la révolution de 1905, il réalise Le Cuirassé Potemkine (1925). En cinq "actes", Eisenstein va illustrer l'action de "héros collectifs", qui incarnent la Révolution (les matelots), le Peuple (dans le port d'Odessa) et le Tsarisme (les officiers du bateau et les militaires sur l'escalier). Outre une grande dextérité dans le montage, le film est une défense et illustration du "typage". Esthétiquement et techniquement, Le Cuirassé Potemkine est rapidement perçu dans toute l'Europe comme un sommet de l'art d'avant-garde. En 1927, Eisenstein réalise Octobre, nouvelle commande destinée à célébrer le 10e anniversaire de la Révolution. Conçu comme une chronique des événements qui anticipent le soulèvement généralisé d'octobre 1917, le film lui donne l'occasion de développer sa théorie du "montage intellectuel", qui consiste à faire émerger une idée, un concept à partir du montage ordonné des diverses représentations. De 1926 à 1929, Eisenstein travaillera à La ligne générale, qui deviendra bientôt L'ancien et le nouveau. L'avenir des campagnes collectivisées est incarné par une paysanne, dont le physique est très éloigné des canons du cinéma. Ce faisant, pour la première fois, il s'écarte des "figures collectives" autour desquelles se construit le sujet de ses films. Dans les années 30, Eisenstein part pour Hollywood. Il y connaîtra une double tragédie - américaine d'abord (aucun de ses projets n'aboutira), mexicaine ensuite (il ne récupérera jamais les rushes de Que Viva Mexico !). La troisième sera soviétique : Le pré de Béjine sera interdit et détruit en 1937, pour "mysticisme et formalisme". La politique d'Hitler lui donne l'occasion de réaliser Alexandre Nevski (1938). Les visées expansionnistes des chevaliers teutoniques en 1212 renvoient directement à l'actualité immédiate. Sa réussite est également à porter au crédit de son opérateur de toujours (E. Tissé), de l'acteur N. Tcherkassov et de S. Prokofiev pour la musique. Eisenstein reçoit une commande personnelle de Staline - Ivan le Terrible (1941-1946), initialement prévue en 3 parties, et qui devait réhabiliter la figure d'un despote, au nom de son "progressisme historique" supposé. La première correspond à la prise du pouvoir par le tsar - elle recevra le prix Staline ; la seconde ("Le complot des boyards") sera interdite et les plans enregistrés de la troisième seront détruits. Deux ans plus tard, victime d'une maladie de coeur et des difficultés imputables à son indépendance d'esprit, Eisenstein mourra, à 50 ans, d'un infarctus, à Moscou, dans la nuit du 10 au 11 février 1948. Il est enterré au cimetière de Novo-Devitchi.
Réalisateur, mais aussi pédagogue, essayiste, dessinateur, homme de théâtre, Serguéï Mikhaïlovitch Eisenstein est une personnalité essentielle de l'histoire de l'art au XXe siècle.
En 1932, à son retour des Etats-Unis, il est nommé doyen de la chaire de mise en scène à l'Institut d'Etat du Cinéma. Il ne la quittera pratiquement plus.
Ses écrits théoriques, ses mémoires, ses réflexions diverses tiennent dans six gros volumes, lesquels sont régulièrement complétés par des publications d'inédits. Ses articles sont innombrables.
Comme sont innombrables les dessins, esquisses, modèles de costumes, etc., qui constituent la base de son travail au cinéma et au théâtre.
En 1939, il s'essaie à l'opéra avec la mise en scène de la Walkyrie au Bolchoï.