Lio

Les Brunes comptent pas pour des prunes

vidéo clip, 1986

En 1986, Lio (née en 1962) interprète Les Brunes comptent pas pour des prunes, 45 tours extrait de l'album Pop model, sorti chez Polydor. La musique est signée Marc Moulin, les paroles Jacques Duvall. Dans ce tube, la chanteuse et actrice malmène le mythe de la blonde pour mieux réhabiliter les brunes. Le clip, réalisé par Costa Kekemenis, la montre en pin-up des années 80 sexy et mutine, au centre d'une chorégraphie héritée des comédies musicales et entourée de choristes toutes coiffées d'une même perruque blonde. Mais la brune Lio conclut finalement son clip "perruquée" de blond sous le casque d'un salon de coiffure, adressant un clin d'œil au spectateur. Sans rancune...

Qu'elle soit associée à la pureté virginale des madones de la Renaissance ou à la séduction artificielle des vamps de l'âge d'or hollywoodien, la blondeur est une parure qui, dans l'imaginaire, consacre la femme en icône.

Mais la chevelure brune, vantée par tant d'artistes, n'est pas en reste. Cet obscur objet du désir, maintes fois décrit, peint, chanté ou filmé, éveille des fantasmes aussi profonds que ceux qu'inspire la toison d'or. Si le cinéma affirme que Les Hommes préfèrent les blondes, Lio proclame que Les Brunes comptent pas pour des prunes. La chanteuse rappelle ainsi la fascination qu'exercent les belles aux cheveux sombres, de l'énigmatique Mona Lisa, immortalisée par Leonard de Vinci, à l'incendiaire Sophia Loren, qui impose sa sensualité méditerranéenne dans le cinéma des années 1960.

Cette dualité chromatique change blondes et brunes en rivales éternelles. L'histoire des arts témoigne de cette concurrence acharnée et affirme la capacité de ces deux teintes complémentaires à parcourir toutes les nuances de la féminité. En effet, de Mucha à Warhol, de Murnau à Lynch, les femmes au casque d'or et à la chevelure d'ébène s'affrontent et se reflètent, offrant tour à tour un visage angélique ou démoniaque.

Au gré des œuvres, des époques et des lieux, elles s'échangent les costumes de l'ingénue et de la femme fatale, se livrant toujours une lutte sans merci. Devant ce spectacle envoûtant, artistes et spectateurs sont finalement pris entre blondes et brunes comme entre clarté et ténèbres.

Mona Lisa
Leonardo da Vinci - Mona Lisa - 1503-1506
Sophia Loren, Hair by Ara Gallant, New York
Richard Avedon - Sophia Loren, Hair by Ara Gallant, New York - octobre 1970
La brune ou la blonde ?
Icône blonde